Arrêtons de perdre notre vie à la gagner, place au revenu de base !

Arrêtons de perdre notre vie à la gagner, place au revenu de base !

Et si on donnait à tout un chacun un revenu universel, inconditionnel, individuel, intemporel (de la naissance à la mort), inaliénable et cumulable ? Et si on décidait que la pauvreté extrême et la dépendance étaient intolérables, mais que l’émancipation, la réalisation personnelle et le bien-être étaient accessibles ? Je ne parle pas d’un idéal, d’une utopie. Je parle de réformer le système social. De proposer un projet de société. Je parle du revenu de base.

Pourquoi ?
L’argument le plus fréquemment utilisé est celui de l’accompagnement de la disparition de certains emplois du fait de la numérisation et de la robotisation à l’œuvre. Rationalisation oblige, d’ici 20 ans, plus d’Uber, plus de taxis. Demain, la technologie s’immiscera partout. Elle ramassera vos poubelles, construira vos voitures, les conduira, vous livrera à domicile etc. Le revenu de base intervient face à cette révolution 4.0. Il permettrait de mieux répartir les bénéfices engendrés tout en valorisant de nouvelles formes de richesses : créer son entreprise, développer un projet humanitaire, culturel, associatif ou encore encourager la mise en place d’une économie collaborative.

L’argument socio-philosophique est aussi de taille. Instaurer un revenu de base selon les principes énoncés ci-dessus (universel, inconditionnel, individuel et cumulable), permettrait, de fait, de repenser le rapport au travail et à l’argent. Quel travail feriez-vous si votre revenu était assuré ? Telle est la question. Peu importe la réponse en fait, mais mettre en place un revenu de base, c’est vous amener à vous interroger : quel est le sens que je veux donner à ma vie et quelles sont mes réelles motivations ? Sans revenu de base, les conditions de travail et de rémunération sont absolument fonction de la croissance économique, et ce, à n’importe quel prix. Il faut sortir de la vieille logique traditionnelle qui ne valoriserait que le travail comme contribution à la société. Le sens de l’économie, c’est de libérer l’homme du travail. Mais pour aller où ? Se libérer du travail, ce n’est pas du temps libre, c’est du temps pour son travail. Chacun porte sa vocation. Mais nous l’abandonnons, parce qu’il ne peut se concrétiser ou se convertir en argent.

Avant d’aller plus loin, précisons la logique du revenu de base. Donner un minium à chacun, ce n’est pas donner plus pour tous. Il se développe au sein du revenu existant : le revenu du travail diminue, mais le revenu total ne change pas (ou peu) ; la transformation intervient au niveau de sa composition. Selon le sociologue Sascha Lieberman, « contrairement au communisme qui étouffe la personne et au libéralisme de marché qui cherche à l’isoler, le revenu de base lie la sécurité à une liberté maximale, pour que l’individu puisse devenir maître de ses choix. Le montant de cette garantie doit suffire pour permettre de refuser une activité rémunérée. ». Les tributaires des aides sociales aujourd’hui ne le seraient plus avec le revenu de base. Sa mise en place implique de fusionner certaines prestations sociales existantes en les généralisant, en les systématisant et en les automatisant, tout en les accompagnant d’un système fiscal plus juste et plus simple. Tous les revenus complémentaires supérieurs au revenu de base seraient conservés, et le revenu de base imposerait une sorte de revenu socle minimal de survie pour tous. Les gains budgétaires et les économies de personnel ainsi faîtes sur la gestion des organismes de collecte et de redistribution des prestations sociales pourraient être ainsi réallouées pour financer la lutte contre l’évasion fiscale et le travail au noir. Et la réduction de ces derniers assurerait la pérennité du nouveau système.

Troisièmement, le revenu de base permettrait d’éradiquer la pauvreté extrême. Puisque le revenu de base serait universel et sans contrepartie, il garantirait un socle plus stable que les minima sociaux actuels. Partons d’un constat simple : il est de sens commun que le RSA est incomplet, inachevé et imparfait. Embourbés dans un système complexe et bureaucratique, ses bénéficiaires font face à l’épreuve du guichet et à la stigmatisation. Parce que le RSA présente des lacunes, il doit être repensé. En France, 68 % des travailleurs pauvres, ayant droit au RSA, n’en font pas la demande, soit par manque d’information, soit par découragement ou de peur de se voir étiquetés d’ « assistés ».  Avec le revenu de base, l’opacité et les lacunes de ce dernier seraient éclaircies et comblées. Le revenu de base constitue un socle à la fois plus stable et plus sécurisant. Le revenu de base n’est pas de l’argent que les uns donnent aux autres. Il transcende la dichotomie actuelle assistants/assistés en bénéficiant à tous.

Le financement
Le revenu de base qui est un concept transpolitique se politise ici. Les solutions sont multiples. Certaines sont polémiques, d’autres plébiscitées. Mais le financement du revenu de base est loin d’être impossible et irréalisable. Il existe pléthore de moyens, foule d’économistes s’étant penchés sur la question (parmi lesquels Milton Friedman, Pierre Larrouturou, etc.). L’impossible financement cache en fait souvent l’angoisse et le politiquement correct de certains… Le MFRB (Mouvement Français pour un Revenu de Base), propose 8 leviers de financement que je vous invite à aller étudier sur le site http://revenudebase.info/comprendre-le-revenu-de-base/financement/ (cliquez, n’ayez pas peur, c’est possible !) :

L’universalisation et la revalorisation du RSA

La part d’autofinancement

La fusion du système d’aide sociale, de chômage et de retraite

Le revenu de base comme modalité alternative de création monétaire

La justice foncière à la Thomas Paine

Le financement par l’impôt sur le patrimoine

La redistribution de la rente pétrolière

Le chèque vert, une forme de revenu de base

Les gens n’arrêteront-ils pas de travailler ?
Le travail est aujourd’hui synonyme d’emploi salarié. Or le salariat ne devrait nullement avoir le monopole de la notion d’activité, en tant que contribution à la société. Le revenu de base transforme cette conception. Posez-vous la question encore une fois : pourquoi travailler si ce n’est pour s’insérer socialement, pour s’émanciper et se développer individuellement ? Quand on sait que l’argent ne compte que pour 30% de la motivation au travail, on saisit tout l’enjeu de la question posée. Certes, le passager clandestin existe. Mais il n’est nullement la norme en vigueur : personne n’a véritablement envie de « ne rien faire ».

Le revenu de base nous rend notre liberté. Il brise les chaînes de l’aliénation au travail. En nous donnant la possibilité de choisir et de renoncer, il garantit notre réalisation. Le revenu de base ni ne supprime, ni ne change la rémunération du travail. La vraie question est la suivante : les entreprises parviendront-elles à coordonner des salariés qui ne se laisseront plus diriger simplement par le besoin d’argent ? Et la question vaut aussi pour la politique : comment diriger des citoyens devenus plus indépendants ? Une société avec un revenu de base serait-elle une société de l’immobilisme, de la stagnation, de la flânerie et de l’oisiveté ? Une société où les inégalités se creuseraient, du fait du fossé grandissant entre les avides qui continueraient d’amasser et les laissés pour compte, qui se satisferaient d’un minimum de survie et de petits boulots complémentaires payés des pécules, tout en s’adonnant à leur plaisirs et hobbies plus qu’aux choses importantes ?
A la question « travailleriez-vous encore avec un revenu de base ? », seule une minorité répond « non », l’écrasante majorité répondant « oui », ou « oui, mais ». Mais à la question « les autres travailleraient-ils encore ? », nombre répondent « non ». Effet de groupe ? Manque de motivation ? Mais depuis quand travaille-t-on sous la contrainte de la majorité ? Le vrai travail se fait pour soi.

Et les sales boulots ?
Qu’est ce qu’un sale boulot ? Un travail malpropre ou un emploi dont on se fait une sale idée ? Un job fait par des gens sales ou un métier lié à la saleté ? Une activité que l’on ne souhaite pas faire en tout cas et dont on préfère la laisser aux gens ailleurs ou tout simplement venus d’ailleurs. Avec un revenu de base, personne ne serait plus obligé de faire ces métiers. Qui les feraient donc ? Trois solutions : les payer plus et offrir de meilleures conditions, les automatiser et les rationnaliser, les faire soi-même.

Dès 1995, Jeremy Rifkin prévoyait la fin du travail : « On peut envisager que seuls 5 % de la population adulte suffiront à faire fonctionner les industries traditionnelles. Les usines, les bureaux et les exploitations agricoles, sans travailleurs ou presque, seront la norme dans le monde entier. ».

Finalement, le revenu de base, c’est un droit civique, pour tous. Ce n’est pas la charité, et c’est encore moins l’assistance. Il n’est pas réservé aux pauvres, car personne n’est exempt de tomber dans la précarité. Après le suffrage universel, l’éducation publique, le droit au logement, au mariage pour tous et j’en passe, il s’inscrit dans une dynamique. Car l’histoire de l’humanité jusqu’à nos jours n’est que l’histoire de la conquête des droits.

Le revenu de base est une mesure progressiste s’inscrivant dans une réforme d’un réel projet de société. Un débat est à conduire au cœur de la sphère publique, au sein même des universités. Il retrouve sa déclinaison au sein des revendications des syndicats étudiants (l’UNEF par exemple avec l’allocation d’autonomie) et de part le monde (en Finlande où une expérimentation est prévue, en Suisse où une votation aura lieu cette année, aux Pays-Bas à Utrecht, en Islande où une proposition parlementaire est en cours, en Alaska, en Iran, à Singapour etc.).

« La grande révolution dans l’histoire de l’homme, passée, présente et future, est la révolution de ceux qui sont résolus à être libres. » disait Kennedy. Et vous, êtes-vous résolus à briser vos chaînes ?

Pour plus d’informations :

Sites :

http://revenudebase.info/

http://www.basicincome.org/

Petites vidéos ludiques de présentation (4/4) :

https://www.youtube.com/watch?v=z9N0v4UGFHo

https://www.youtube.com/watch?v=z9N0v4UGFHo

https://www.youtube.com/watch?v=Uq9aPEVjV5k

https://www.youtube.com/watch?v=ggzcSrAA4xM

Film :

https://www.youtube.com/watch?v=-cwdVDcm-Z0

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