Top 10 des champions déchus

Après plus de deux mois de compétition, le verdict est sans appel pour Montpellier : 12ème à onze points du leader, le PSG, le champion de France ne conservera très probablement pas son titre, comme Lille, Marseille et Bordeaux avant lui. Depuis 1932, seuls sept clubs ont réussi cette performance. A l’inverse, ils sont nombreux à avoir déchanté l’année suivant leur sacre.

FC Sète (1945-1946)

Interrompu pendant la Seconde Guerre mondiale, le championnat de France de football reprend ses droits en 1945 avec le sacre du Lille OSC qui remporte également la Coupe de France. Considéré comme l’un des plus grands clubs français du début de l’ère professionnelle (premier club à avoir réalisé le doublé coupe-championnat en 1934, ndlr) et champion de France en titre (1938-1939), le FC Sète évite de peu la relégation en terminant treizième avec un seul point d’avance sur le Lyon OU, premier relégué, et ce malgré la présence de l’attaquant hongrois Désiré Koranyi (20 buts). La Seconde Guerre mondiale aura été fatale au club sétois qui ne s’en relèvera jamais. Relégué en 1954, le club de Georges Bayrou abandonne le professionnalisme en 1960.

OGC Nice (1952-1953)

En remportant l’édition 1951-1952 du championnat de France de football, l’OGC Nice est devenu le premier club français à conserver son titre. Egalement vainqueurs de la Coupe de France, les Niçois déchantent la saison suivante en terminant treizième, loin d’une des valeurs montantes du football français, le Stade de Reims. Proche de la relégation cette année-là (un point de plus que le dix-septième et premier relégable le RC Paris, ndlr), le club azuréen, emmené par son emblématique capitaine Pancho Gonzales, se relèvera vite en décrochant deux autres titres de champion de France (1956 et 1959).

LOSC (1954-1955)

En 1954, Lille crée la surprise en détrônant le Stade de Reims pour un point, remportant ainsi le second titre de champion de France de son histoire. Régulièrement sur le podium depuis son titre en 1946 (cinq fois en sept saisons, ndlr), le LOSC passe près du désastre la saison suivante. Fragilisé par l’«affaire Zakariás»* et affaibli par le départ de plusieurs cadres dont celui de van der Hart, le club nordiste sombre dans les bas fonds du championnat. Malgré une attaque en verve emmenée par l’ailier gauche Jean Vincent, le club du président Henno termine seizième et ne doit son salut dans l’élite qu’à sa double victoire contre le Stade Rennais (1-0 et 6-1) en barrages. Un an plus tard, Lille est relégué en deuxième division.

Stade de Reims (1955-1956)

En 1955, le Stade de Reims remporte son troisième titre de champion de France et s’impose un peu plus comme le plus grand club du football français. Pourtant, le club rémois termine seulement dixième de l’exercice 1955-1956. Une simple erreur de parcours ? Pas vraiment. En effet, en 1955 est créée la Coupe d’Europe des clubs champions. L’équipe entraînée par Albert Batteux concentre alors tous ses efforts sur cette compétition et sacrifie ses chances en championnat. Un sacrifice payant, les Rémois ne s’inclinant qu’en finale contre le Real Madrid au Parc des Princes (3-4). Malgré le départ de Raymond Kopa, le Stade de Reims règnera encore plusieurs années sur l’Hexagone.

OGC Nice (1956-1957)

La régularité n’était décidément pas le point fort de l’OGC Nice dans les années 1950. Champion de France en 1952 et treizième en 1953, le club azuréen réalise le même enchaînement quatre ans plus tard. Symbole de l’irrégularité niçoise, sa défense. Première du championnat en 1956 (43 buts encaissés), elle passe au seizième rang en 1957 (72 buts encaissés) alors que l’effectif n’a pas été considérablement bouleversé. Ce manque de constance se poursuivra dans les années 1960 avec, notamment, une place de vice-champion de France (1968) suivie d’une descente en deuxième division (1969), elle-même suivie d’un titre de champion de France de D2 (1970).

Paris SG (1986-1987)

En 1986, le Paris Saint-Germain remporte le premier titre de champion de France de sa courte mais déjà enivrante histoire. Irrésistibles cette année-là, Dominique Rocheteau (19 buts) et Safet Susic (10 buts) illustrent parfaitement le coup d’arrêt marqué par le club de la capitale l’année suivante (3 buts chacun), et ce malgré une défense toujours aussi solide emmenée par Joël Bats et par la charnière Philippe Jeannol – Jean-Marc Pilorget. Très rapidement éliminé de la Coupe d’Europe (en seizième de finale contre le TJ Vitkovice, ndlr), le PSG termine à une décevante septième place en championnat. Le départ du capitaine Luis Fernandez aura laissé un grand vide dans un vestiaire pas forcément à 100% derrière son entraîneur, Gérard Houiller, qui sera démis de ses fonctions quelques mois plus tard.

FC Nantes (1995-1996)

Le «jeu à la Nantaise», le «tarif maison» (3-0), 32 matches sans défaite… Rarement un championnat aura été autant dominé par une équipe que lors de la saison 1994-1995 au cours de laquelle Nantes a tout écrasé. Oui mais voilà, les Canaris attisent les convoitises. Patrice Loko et Christian Karembeu sont les premiers à céder aux sirènes de clubs plus rémunérateurs. Malgré un superbe parcours en Ligue des Champions conclu par une victoire insuffisante contre la Juventus en demi-finale (défaite 3-4 sur l’ensemble des deux rencontres, ndlr), les hommes de Jean-Claude Suaudeau s’essoufflent et terminent septièmes en championnat. Un an plus tard, «Coco Suaudeau» sera remplacé par un certain Raynald Denoueix.

FC Nantes (2001-2002)

Il n’a fallu que quelques semaines pour détruire ce qui avait mis plusieurs années à être bâti. Après des débuts difficiles, le FC Nantes de Raynald Denoueix a successivement remporté deux titres en Coupe de France (1999 et 2000) et le championnat de France (2001). Mais voilà, Eric Carrière décide au dernier moment de quitter Nantes pour rejoindre Lyon, les recrues Olivier Quint et Pierre-Yves André ne s’intègrent pas dans un collectif au bord de la rupture et finalement, après le rachat du club par la Socpresse, Denoueix est remercié, la faute à un automne catastrophique. Le nouveau président Jean-Luc Gripond  nomme une ancienne gloire nantaise au poste d’entraîneur : Angel Marcos. L’Argentin obtiendra aisément le maintien du club (dixième) mais dans l’ennui le plus total. Le «jeu à la Nantaise» n’existe déjà plus.

Lyon (2008-2009)

La fin d’une hégémonie. Après avoir remporté sept titres de champion de France consécutifs entre 2002 et 2008, performance jusque-là jamais atteinte, Lyon perd le titre au profit de Bordeaux. Solide (deuxième meilleure défense du championnat), Lyon ennuie et les fulgurances de Karim Benzema (17 buts) n’y changent rien. Champion d’automne, en tête du championnat jusqu’au début du mois d’avril, les Gones s’écroulent dans la dernière ligne droite avec, notamment, une piteuse défaite à Valenciennes (2-0, 34ème journée). En battant l’OM au Vélodrome lors de la 36ème journée, l’OL, finalement troisième, offre le titre à Bordeaux sur un plateau. Arrivé en remplacement d’Alain Perrin, Claude Puel devient aux yeux des supporters le responsable de la chute du «grand Lyon».

Bordeaux (2009-2010)

Considéré comme un «beau champion» en 2009, Bordeaux continue de régaler pendant plusieurs mois. Champion d’automne avec une avance confortable sur l’OM (huit points), qualifié pour la finale de la Coupe de la Ligue et pour les quarts de finale de la Ligue des Champions après avoir notamment battu la Juventus et le Bayern Munich, Bordeaux semble parti pour réaliser une saison exceptionnelle. Mais à force de vouloir jouer sur tous les tableaux avec un effectif restreint, les hommes de Laurent Blanc se brûlent les ailes. En l’espace de dix jours, les Girondins échouent en finale de la Coupe de la Ligue contre Marseille (3-1), sont éliminés de la Ligue des Champions par Lyon (3-2 sur l’ensemble des deux rencontres) et perdent leur place de leader du championnat au profit de l’OM, futur champion. Après une ultime défaite à Lens, Bordeaux termine finalement sixième, aux portes de l’Europe.

 

*En 1954, le président du LOSC Louis Henno engage un joueur qu’il croit être József Zakariás, finaliste malheureux de la Coupe du Monde 1954. Il s’agit en réalité d’un ancien légionnaire tchécoslovaque qui se fait passer pour le milieu de terrain hongrois. La supercherie est dévoilée le 2 juillet lors d’un match de préparation contre le FC Rouen au cours duquel l’imposteur est arrêté. L’image du club nordiste est durablement écornée par cette affaire.

 

Quentin Moynet

Laisser un commentaire

Fermer le menu