Le manifeste de 1975 : point d’orgue de la critique scientifique envers l’astrologie

Le manifeste de 1975 : point d’orgue de la critique scientifique envers l’astrologie

Toujours pratiquée, mais au cœur des méfiances depuis longtemps, l’astrologie n’a cessé de faire débat. Dans un manifeste publié en 1975 dans la revue The Humanist, « Objections to astrology », pas moins de 186 scientifiques dont 18 Prix Nobel ont exprimé leur suspicion envers cette pratique. Partisans ou détracteurs de l’astrologie, voici une synthèse des arguments de chacun.

Les astres, maîtres de notre destin ?

L’astrologie est un ensemble de croyances et de pratiques fondée sur l’interprétation symbolique des correspondances supposées entre les configurations célestes et les affaires humaines, collectives ou individuelles (Paul Thagard, Why Astrology is Pseudoscience, 1978)

La principale inquiétude des scientifiques signataires du Manifeste est la foi parfois totale des individus envers les prédictions données par les astrologues. Cela remet en cause le libre arbitre des humains, qui préfèreraient se fier à un destin dicté par les étoiles plutôt que faire face à leurs choix et décisions.

La prétention des astrologues à devenir des scientifiques agace également beaucoup. Cette confusion s’explique par le fait que, dans l’Antiquité, l’astrologie s’est nourrie des découvertes de l’astronomie. En effet, la première se fonde sur des calculs pour établir les thèmes astraux et déterminer le plus précisément possible les positions des corps célestes. En outre, avant l’invention de logiciels spécialisés, l’astrologue devait lui-même déterminer les positions des astres, souvent à l’œil nu. Il fallait donc nécessairement être aussi astronome avant de prétendre à être astrologue. Paradoxalement, l’astrologie ne prend pas en compte les connaissances récentes en astronomie. Elle se fonde donc sur un système symbolique obsolète, le ciel ayant beaucoup changé.

Une croyance peu à peu discréditée

Les auteurs du Manifeste expliquent cet engouement de la population par leur vision magique du monde. Ils considéraient les objets célestes comme les lieux de résidence des dieux, et donc, les associaient à des évènements terrestres. Cela reflète aussi une attitude de géocentrisme, car l’être humain se croit au centre de l’univers.

L’image négative de l’astrologie implique que tous ceux qui souhaitent la défendre publiquement courent le risque d’être discrédités. Paul Feyerabend, philosophe des sciences, trouve particulièrement « intéressant le ton quasi-religieux » du Manifeste. Il désapprouve la prétention des 186 scientifiques à une connaissance suffisante de la science.

Quant au déterminisme de l’astrologie, il renvoie aux méthodes d’évaluation psychologiques comme les tests ou les questionnaires, qui sont couramment utilisées en clinique. L’idée que les astres inclinent mais ne déterminent pas les comportements est rapprochée d’autres disciplines partiellement déterministes dont, notamment, la génétique.

Cette situation révèle la tension entre « science établie » et la liberté de recherche scientifique. L’astrologie divinatoire continue à être pratiquée, mais sa critique demeure incertaine.

Certes les étoiles font rêver, mais n’oublions pas de garder les pieds sur terre.

C.W

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