Rendez-vous en terre hostile

Rendez-vous en terre hostile

Alors que les cours reprennent, que je redécouvre le café vanille du 2ème étage, le bois glissant de la cour et le fameux couscous du Crous,  c’était sans compter un autre endroit, autrefois si familier mais oublié depuis maintenant 4 mois : la salle de sport. Pourtant, en arrivant sur place, je me rends compte que rien n’a changé, que la population y est toujours aussi hétérogène, que les machines sont toujours aussi diversifiées et modernes et que le programme télé propose toujours clips musicaux et vidéos hilarantes.

C’est alors que, mon téléphone chargé à bloc, mes nouvelles chaussures et ma tenue pour le moins originale –composée du premier tee-shirt attrapé dans mon armoire et de mon jogging vieux comme le 3 fois 500m de Terminale – débarquons dans cette salle où, l’odeur de transpi’ et le bruit des machines me renvoient à la nostalgie des temps passés.

Comme d’habitude, tous les tapis de course sont pris. Je décide donc de faire un peu de vélo en observant les gens autour de moi…

Article Laura

« Le Novice » : Si certains ne font que reprendre les bonnes habitudes de la salle de sport, d’autres, au contraire, la découvrent pour la première fois. Vous ne pouvez pas les louper, ce sont ceux qui ne savent pas trop quoi faire, complètement déboussolés et qui cherchent désespérément le regard ami de quelqu’un pour leur expliquer comment fonctionne la machine qui se trouve devant eux. « Hum, pas étonnant qu’elle n’arrive pas à soulever le poids, elle l’a laissé sur 60 kilos ». « Je ne comprends pas, c’est pourtant pas difficile de régler la selle de ton vélo, mais bon, si tu préfères quand elle est trop basse c’est toi qui vois ».  « Non l’ami, rien ne sert de commencer à pédaler au niveau 10, tu vas t’épuiser quelques minutes à peine après avoir…ah, voilà qu’est-ce je disais, tu es fatigué maintenant et tu vas avoir des courbatures ! »

« Le Pro » : Si tu redécouvres la salle de sport après avoir passé ton été à farnienter près de la piscine, sache que certains, quant à eux, ont continué leur entrainement en continu – sur la plage, à la montagne, de Central Park à la Muraille de Chine– et ne sont donc que peu déstabilisés par la reprise. Face à moi… une bombe. Elle est belle, elle est mince, elle ne transpire pas. On dirait qu’elle sort d’un film Hollywoodien, comme ces filles qui se réveillent le matin, maquillées et coiffées, rien à voir avec la crinière de cheveux gras qui te salue tous les matins. Quoi qu’il en soit, alors qu’elle court à 15 km/h depuis maintenant 30 minutes, sans donner l’impression de souffrir le moins du monde, toi, au contraire, tu es limite en train de mourir, à l’agonie, tous les muscles contractés, proche de la déshydratation chronique et de la crise cardiaque. Les adjectifs que j’utilise mentalement pour la définir sont généralement d’un niveau de délicatesse proche de celui des dialogues de Game of Thrones (#jalousie).

« Le Galérien » : Alors que mes forces m’abandonnent peu à peu, je l’aperçois soudainement…Cette fille qui puise toute l’énergie que son corps est capable de donner mais pour laquelle le sport n’est pas du tout le milieu naturel. Je ne pensais pas que ça puisse être possible, mais je pense qu’elle est dans un état pire que le mien : visage rougeâtre, cheveux ébouriffés, tee-shirt des plus humides qui soit ; elle court comme si chacun de ses pas était le dernier, la motivation au bout des lacets. On aurait presque envie d’aller la voir, de prendre de ses nouvelles, de lui demander si un médecin est nécessaire, de s’assurer que quelqu’un, dans la salle, est apte au massage cardiaque, mais elle semble si concentrée que l’on se contente d’admirer cette force d’esprit. « Courage, l’amie ».

« L’Egoïste » : Je suis sûre que vous le connaissez ou que vous avez vous-même joué ce rôle au moins une fois dans votre vie. Vous savez que la salle de sport n’est pas très grande, que le nombre de machines laisse parfois à désirer et que l’attente peut être longue. Cependant, même si votre compteur est sur le point d’atteindre les 50 min de course, et qu’il serait fort civique de votre part de laisser la place, vous vous découvrez soudainement une passion pour le clip musical qui passe alors à la télé, de manière à éviter le regard de la personne solitaire qui attend sa place. Oh mince alors, vous venez même d’arrêter le compteur sans faire exprès…Vous allez devoir le redémarrer, prétendant ainsi que vous courez depuis 30 secondes – même si l’état de votre tee-shirt démontre le contraire. Enfin bon, à la guerre comme à la guerre ! Après tout, vous n’y pouvez rien s’il vous manque 100 calories à perdre pour la pizza de ce soir.

Soit dit en passant, je suis heureuse de voir que certains garçons n’ont pas oublié d’entretenir leur corps pendant les vacances et que les restes de bronzage n’en sont que plus appréciables. Finalement je vais peut-être revenir dans la semaine !

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