Crise : who’s next ?

Crise : who’s next ?

Vacances enflammées pour les madrilènes de la Puerta del Sol. Après la Grèce, l’Irlande, le Portugal, c’est désormais l’Espagne qui est sur le point de sombrer.

Les chefs d’Etats s’acharnent à clamer que Madrid ne sera pas le tombeau de l’euro. Pourtant la Catalogne, symbole de la réussite espagnole, est aujourd’hui en difficulté et représente une alerte sérieuse pour l’Europe. L’appel à l’aide de l’autonomia manifeste la décadence de l’économie du pays. Face aux politiques, les investisseurs n’acceptent plus les « colmatages » qui ont été opérés sur l’Espagne. Des doutes sur la dette espagnole, puis de vrais questionnements sur le système bancaire : aujourd’hui, ce sont les régions qui tirent la sonnette d’alarme afin que l’état central espagnol intervienne.

En France, Moscovici affiche une confiance sans faille sur la pérennité de la zone euro. Pour l’opposition, tout repose sur le couple franco-allemand. L’Allemagne, elle, reste silencieuse alors que l’agence de notation Moody’s a placé le premier de la classe en perspective négative.

Hélas, alors que les politiques attendent un soutien de l’opinion pour les plans de sauvetage, cette annonce a renforcé l’euroscepticisme présent chez certains allemands.

Vécu comme un choc psychologique, les plus extrémistes estiment que l’Allemagne ferait mieux de jouer cavalier seul. Les banques privées du pays sont certes très présentes en Italie et en Espagne mais les allemands qui clament la sortie de leur pays de la zone euro ne comprennent pas que la seule solution est d’y arriver ensemble. Dans la grande famille qu’est l’Europe, chacun des membres finit par être plus ou moins affecté. Les problèmes de l’Espagne ou la Grèce fragilisent la zone, mais aussi son leader que l’on considérait comme pratiquement intouchable. Moody’s a donc fait un acte symbolique, mais il reste marginal : pour les experts, toutes les attentions doivent être portées vers l’Espagne.

Le journal Le Monde résume parfaitement le contexte actuel en qualifiant de « cacophonie » les discours postérieurs au sommet du 29 juin. L’Espagne n’est pas une surprise, loin de là. Désormais, impossible pour les politiques de faire semblant. Pendant bien trop longtemps, français et allemands ont délibérément accepté un système de fonctionnement déséquilibré : s’unir avec des pays « plus faibles » et profiter de leurs endettements, sans jamais le remettre en cause ou le dénoncer publiquement. Le constat est clair et sans appel : l’Espagne a fait de profondes erreurs de développement. Depuis des années, les investissements immobiliers démesurés, par le biais d’un système bancaire permissif, ont soutenu le taux de croissance et le niveau de l’emploi du pays ; or ce sont ces derniers qui sont à l’origine de la crise espagnole.

Une première question cruciale doit donc être reposée : quelle stratégie de croissance au niveau européen ? Le président Hollande a imposé le terme mais sa conception est plurielle.

L’Europe a plus que jamais besoin d’une cohésion, de stratégies convergentes.

Pour la Commission européenne, le combat pour la croissance est un combat pour la compétitivité. Mais avant de partir en bataille, observons le peuple qui se soulève contre la brutalité des plans imposés. Les politiques ont bien trop longtemps cédé à la facilité et la punition infligée n’est que partiellement justifiée. Une solution pour freiner la baisse drastique du pouvoir d’achat pourrait être un étalement sur le long-terme du redressement budgétaire mais tout en y associant un strict contrôle.

L’analyse de la crise est faite. Nous connaissons les erreurs du passé et des échappatoires sont possibles. Alors maintenant que fait-on ? La construction européenne s’est arrêtée au seuil de l’union politique. Sans perdre notre totale souveraineté, les élus nationaux devront accepter qu’ils ne décident plus seuls, dans leur coin. La première marche à franchir est donc budgétaire et fiscale. Des débats démocratiques doivent avoir lieu mais un saut fédéral doit s’opérer. Nous ne parlons surtout pas d’un immense pouvoir centralisé.

Le renoncement à une part de souveraineté signifie, non pas de gérer les affaires des autres, mais de mettre en place des systèmes d’information totalement transparents et des instances de contrôle indépendantes.

Cette idée s’ancre très difficilement dans l’opinion française. Pourtant, pour ne pas être les prochains sur la liste, il va falloir enfin agir.

Cet article a 2 commentaires

  1. Tu sembles défendre l’approfondissement de l’intégration politique des états européens, ou du moins, ceux partageant la même monnaie et constituant donc une zone monétaire unifiée. On entend partout que l’émergence d’une réelle politique budgétaire et fiscale, corollaire de cette intégration plus poussée, est le seul moyen de compenser les différences des pays dans la zone euro… Ton article est intéressant et pertinent mais malheureusement, même si tu parais pro-européenne, j’ai l’impression que l’intégration politique n’est que la conséquence d’un effet de cliquet : étant donné toutes les avancées déjà réalisées auparavant en termes d’unification monétaire et provoquant des asymétries, la voie de sortie de crise est soit la fin de la zone euro, soit l’unification politique! Ou alors nous continuerons à connaitre encore et encore les mêmes problèmes car les économies ne sont pas convergentes. Si nous arrivons à faire une Europe fédérale, c’est parce que le prix du renoncement à l’euro est trop élevé, non?

    1. Bien sûr, tout à fait d’accord ! Mais encore faut-il y arriver à cette Europe fédérale, or pour l’instant, certes il y a de belles paroles d’experts et de nombreuses analyses, à la suite des sommets européens on pense que les dirigeants politiques ont compris, puis quelques semaines plus tard nous nous posons posons la question… Tentons d’être optimistes et d’y croire, croire que l’on peut y arriver. C’est de mon point de vue, juste ça qu’il manque pour redonner confiance aux marchés. Si l’opinion publique ne suit plus, si l’image est renvoyée n’est que négative, à ce moment là, nous ne frôlerons sans cesse la catastrophe…

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