Etudiant dauphinois, étudiant heureux ?

Etudiant dauphinois, étudiant heureux ?

Le 15 janvier 2020, le Figaro publiait son classement des universités où les étudiants sont les plus heureux. Dans le même temps, les commentaires et les réactions à un meme posté sur la page Facebook Dau memes en réponse à ce classement ont fusé. Au vu de l’intérêt porté par la communauté dauphinoise à cette question du bonheur étudiant, La Plume a voulu analyser la situation par le biais d’un sondage. 

La méthodologie choisie 

Afin de mieux comprendre les Dauphinois, La Plume a publié un sondage sur le groupe Facebook PromoDau le 5 février 2020, s’articulant autour de la question centrale « Vous sentez-vous heureux à Dauphine ? », sur une échelle de 1 (Pas du tout heureux) à 5 (Tout à fait heureux). 

Autour de cette question, l’objectif était de tester si certaines variables objectives, telles que l’appartenance à une association ou l’effet des résultats académiques, permettaient d’expliquer le bien (ou mal) être des étudiants de l’université. 

Le sondage a également demandé aux étudiants de choisir l’élément qui plait le plus ainsi que celui qui plait le moins au sein de l’université. 

Enfin, un espace d’expression libre à la fin du questionnaire permettait également de récolter des informations qualitatives. L’occurrence de certains mots, associés au bonheur ou malheur des étudiants permettant de donner davantage d’informations qui auraient pu être omises ou survolées lors des questions précédentes. 

Avec plus de 750 réponses, les données reçues n’ont peut-être pas été représentatives mais permettent d’établir certaines tendances. Il est important d’évoquer les biais statistiques de ce sondage. En effet, bien que les questions se voulaient les plus neutres possibles, les étudiants mécontents ont été davantage incités à exprimer leur opinion. Un autre biais est lié au timing du sondage, sorti peu après la fin des partiels des DEGEAD dans les mythiques salles de Charenton, et au début de publication des résultats du premier semestre. 

Etudiants vraiment heureux ? 

Commençons par faire le point sur la situation. On peut remarquer que quel que soit le niveau d’étude, entre 29% et 36% des étudiants se considèrent comme « moyennement heureux », il s’agit ainsi du niveau de bonheur qui rassemble le plus de sondés. En outre, on peut noter une légère supériorité numérique des étudiants s’estimant “Plutôt heureux” ou “Vraiment heureux” par rapport aux catégories inférieures à la moyenne.

Peut-on expliquer le bonheur objectivement ?

Bien que le bonheur soit une mesure entièrement subjective, notre étude tente de découvrir si certains éléments objectifs permettent de se sentir mieux à Dauphine. 

La première variable testée a été l’appartenance à une association. Avec une centaine d’associations (généralistes et de filière), la vie associative occupe une place prépondérante au sein de l’université. L’appartenance à une association et l’intégration au sein d‘un groupe avec un but commun renforce-t-il un sentiment de bonheur à Dauphine ? La réponse semble affirmative, les étudiants semblant légèrement plus heureux lorsqu’ils font partie d’une association, 45% des associatifs s’estimant heureux (plutôt heureux ou vraiment heureux), contre 30% pour les non membres d’une association.

Également intéressant à observer, le score de bonheur en fonction de l’année d’étude peut montrer certaines tendances. Si les Master sont légèrement plus heureux que leurs camarades en licence (41% se disent plutôt heureux ou vraiment heureux contre 38% en licence), des divergences subsistent au sein même des étudiants en licence, les L1 semblant sensiblement plus heureux à Dauphine que leurs camarades en L2 ou L3.

Le test de pertinence entre le sentiment de bonheur et la réussite académique, donnée par une approximation de la moyenne de l’année passée, le nombre de redoublements ou de rattrapages, n’a pas permis d’établir de lien clair entre les deux variables. Aussi testés, l’origine géographique des étudiants (avant de rentrer à Dauphine) et s’ils habitent seuls ou non, n’ont pas montré de corrélation avec le niveau de bonheur des étudiants. 

Les raisons du bonheur

Il s’agit alors désormais de déterminer les facteurs à l’origine du bonheur des Dauphinois, pour mieux comprendre quelle influence notre université possède sur ses étudiants. Ainsi, pour tous les niveaux confondus, c’est la vie associative qui plaît le plus aux étudiants (60% en L1, 65% en L2, 50% en L3). Ce résultat semble coïncider avec l’observation précédemment évoquée, l’appartenance à une association ayant un impact sur notre bonheur. Il faut toutefois rappeler que cette situation particulière ne concerne pas l’ensemble d’entre eux. 

En deuxième position, ce sont les cours qui plaisent le plus aux Dauphinois (pour 16,6% des sondés), mais cette tendance va de pair avec le niveau d’études. En effet, c’est à leur arrivée en Master que les étudiants de notre université sont les plus enclins à apprécier les cours qui leur sont dispensés (22% en M1 et M2, 14% en L3 et 11% en L1 et L2). Les adieux au DEGEAD ne semblent de toute évidence pas étrangers à la réduction de cet écart.

En outre, afin de nuancer notre propos, nous avons invité les étudiants interrogés à se prononcer en fonction de différentes affirmations. Une grande majorité des étudiants se démarque alors en affirmant être sereine sur les débouchés professionnels offerts par Dauphine (pour plus de 600 des interrogés). Or, avoir confiance en son avenir, c’est déjà une source de quiétude importante pouvant contribuer au bonheur. Cette majorité vient rejoindre celle qui s’entend à conseiller à d’autres étudiants de venir étudier à Dauphine, ce qui semble démontrer la satisfaction d’un bon nombre d’entre eux. Dans une moindre mesure, ce sont aussi le campus, les personnes qu’on y rencontre, ou encore la renommée de l’établissement qui plaisent aux étudiants.

 Ce qu’il reste à améliorer

Passons aux choses qui fâchent, ce qui plait le moins à Dauphine, voire ce qui rend les Dauphinois malheureux.

En tête de liste, la pédagogie déplaît à 42% des étudiants interrogés. Mais c’est surtout les étudiants en licence qui s’en plaignent. En effet, la méthode d’apprentissage plébiscitée dans certaines matières, au doux nom de “pédagogie inversée”, ne fait pas l’unanimité. En ce qui concerne les Master, c’est l’administration qui plaît le moins (42% des M1, 51% des M2). Organisation des partiels, procédure pour obtenir une convention de stage ou encore affectation pour les Erasmus : chacun a sa propre péripétie avec l’administration. 

En outre, la majorité des étudiants interrogés n’est pas d’accord avec la conformité de Dauphine quant à leurs attentes. En effet, on peut remarquer une sorte de déception généralisée qui s’est massivement manifestée dans les commentaires du sondage. Sont principalement reprochés à l’université sa pédagogie et son système de notation, avec son harmonisation (à la baisse) qui donne aux Dauphinois le sentiment d’être constamment rabaissés. Les années de DEGEAD sont alors vécues pour beaucoup comme une période de stress et d’anxiété. Pour les étudiants en MIDO, la charge de travail est également difficile à surmonter. Le manque d’encadrement est décrié, tout comme la préparation aux partiels jugée insuffisante pour de nombreux sondés qui abordent les épreuves avec anxiété.

Conclusion

Le bonheur est une notion délicate à aborder, et ses sources demeurent d’autant plus difficiles à analyser qu’elles peuvent s’avérer tout à fait antagonistes d’une personne à une autre. Notre sondage aborde la question du bonheur étudiant en se concentrant sur les facteurs récurrents, les plus représentatifs de l’échantillon interrogé. Tandis qu’une majorité des Dauphinois semble s’entendre en ce qui concerne la qualité de la vie associative ou encore celle des débouchés professionnels, les avis divergent davantage en ce qui concerne les cours. Parallèlement, les avis convergent vers une critique de la pédagogie et de l’administration, qui suggère qu’il reste encore beaucoup à améliorer pour réellement prétendre qu’étudier à Dauphine est synonyme de bonheur.

L’équipe de rédaction de La Plume

 

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