Secrets de fabrication d’une conférence par Dauphine Discussion Débat (DDD)

Secrets de fabrication d’une conférence par Dauphine Discussion Débat (DDD)

Ce mardi 1er octobre, l’association Dauphine Discussion Débat recevait Dominique de Villepin, ancien premier ministre de Jacques Chirac. Billetterie prise d’assaut, communication bien rôdée et effervescence ambiante ont poussé La Plume à s’intéresser de plus près à ces grandes conférences qui ont su faire la renommée de DDD, l’acronyme courant pour nommer l’association.

Nous avons donc pris notre micro pour aller toquer chez nos voisins (littéralement, leur local est en face du nôtre !). Arthur Samsoen, vice-président aux relations extérieures, a répondu à toutes nos questions. Voici ici une partie de nos échanges :

La Plume (LP) : Pourrais-tu nous présenter l’association en quelques mots ? Quelles sont vos missions ?

Arthur Samsoen (AS) : Notre association a vocation à organiser des conférences avec des personnalités extérieures qu’elle invite. L’essentiel de notre travail porte sur les débats politiques, même s’il arrive que nous traitions aussi de la sphère sportive ou d’autres domaines de la vie économique.

LP : Dans les couloirs de Dauphine, personne ne saurait passer à côté des conférences organisées dans l’amphithéâtre 8, notamment en raison de la renommée de leurs invitées. Mais ce ne sont pas les seuls débats que vous organisez ?  

AS : Oui, en effet beaucoup de monde connaît les conférences centrales organisées dans la plus grande salle de Dauphine. Mais DDD, ce sont en moyenne 10 à 12 débats par an. L’an passé, outre Tony Parker, François Hollande ou encore Rachida Dati, nous avons également reçu Mathilde Panot, Gérard Araud (diplomate français), Aurélien Pradié, et bien d’autres.

LP : Concrètement, combien de pôles sont engagés dans l’organisation de tels évènements

AS : C’est toute l’association qui se mobilise. Il nous faut des membres pour orienter les spectateurs, contrôler les billets, transmettre les micros lors de la phase de questions, élaborer les affiches etc…

LP : D’ailleurs, en parlant d’affiches, j’imagine que vous avez de nombreuses tâches à préparer en amont ? Combien de temps avant la conférence le véritable rush commence-t-il ?

AS : Environ un mois avant le jour J, nous commençons à élaborer les graphismes, la vidéo de trailer, les stories pour nos réseaux sociaux etc… Mais le vrai « rush » débute vraiment une semaine avant l’évènement, avec la placardage des affiches, le décompte pour l’ouverture de la billetterie etc…

LP : Et plus spécifiquement, concernant la préparation de l’interview : comment choisir qui débat ? quelles sont les questions posées ?

AS : En interne, un système de candidatures est mis en place. Les membres souhaitant occuper la fonction de modérateur envoient leur projet motivé, puis le bureau statue sur la question. Les anciens (membres plus âgés de l’association, plus forcément très actif) sont d’ailleurs inclus dans ces candidatures. Concernant les questions posées, nous adressons aux collaborateurs de nos invités une esquisse de ce que seront les thèmes abordés. Ces questions, nous en convenons en interne.

LP : Et question centrale ! Comment parvenez-vous à convaincre les politiques de venir débattre ?!

AS : C’est une mission sur le long terme, qui représente d’ailleurs l’occupation majeure de nos membres. Le pôle démarchage cherche en permanence des contacts, auprès des directeurs de cabinet, collaborateurs, voire des hommes et femmes politiques eux-mêmes. Rien n’est laissé au hasard : chaque vendredi matin nous nous postons devant la maison de la radio pour tenter de toucher de futurs intervenants.

LP : Et ça marche ?

AS : Pas à tous les coups, mais dernièrement nous avons comme cela réussi à entrer en relation avec Gérard Araud, ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis et en Israël.

LP : Pouvez-vous nous dire comment dans le cas précis de Dominique de Villepin – votre dernier invité –  vous avez réussi à le convaincre de venir ?

AS : C’est le fruit de plus de deux années de démarchage. Le moins que l’on puisse dire, c’est que notre membre qui s’en est chargée n’a pas lésiné sur les moyens…l’argument décisif ayant fait pencher la balance en notre faveur est une lettre manuscrite de 5 pages adressée directement au principal intéressé.

LP : Une petite indiscrétion sur votre future tête d’affiche ?

AS : Bien tenté, mais impossible pour le moment de vous le communiquer 😉

LP : Pour conclure cet entretien, un petit mot du ressenti personnel lorsque vous débattez ? Etes-vous stressé ? impatient ?

AS : Forcément il y a toujours une petite appréhension avant de passer sous les projecteurs. Mais je n’assimilerai pas cela à du trac. Plutôt des doutes – naturels – sur la qualité oratoire, sur le bon fonctionnement du matériel. Bien heureusement, en fin d’interview tout cela se dissipe, et l’expérience donne envie d’être reconduite.

LP : merci beaucoup pour votre participation !

Après cet entretien, La Plume est partie errer dans les couloirs de Dauphine à la recherche de spectateurs ayant assisté au débat de Dominique de Villepin, mardi 1 octobre. Au détour de nos conversations, voilà quelques éléments que nous avons pu entendre.

DES SPECTATEURS TENUS EN HALEINE

La majorité des spectateurs ont été tenu en haleine par la communication digitale de l’association. La vidéo de teaser, le mystère autour du nom de l’invité, puis enfin la révélation des affiches sont autant de supports qui ont poussé de nombreux dauphinois à scruter avec attention l’ouverture de la billetterie. Car oui, sur ce genre d’évènement, premier arrivé, premier servi. Alors forcément, cela crée des déçus.

En revanche, La Plume n’a rencontré personne insatisfait par la tenue de cette conférence.

UN DEBAT PLUTÔT CONSENSUEL

En ce qui concerne leurs motivations pour attraper leurs entrées, les interrogés avancent à la fois l’envie de voir débattre une personnalité qu’ils apprécient, que la volonté de s’enrichir de connaissances sur des sujets politiques. Ils attendaient notamment Dominique de Villepin sur des questions géopolitiques, lui qui a été ministre des Affaires Etrangères. Certes, nombreux sont ceux qui qualifieront cet entretien de conférence plus que d’un débat. Par exemple, le conflit israélo-palestinien n’a été qu’effleuré. Toutefois, certains sujets non-consensuels ont tout de même pu être abordés. Un étudiant de L3 que nous avons rencontré garde en mémoire le discours de Dominique de Villepin sur l’Europe fédérale : il se disait pour, en reconnaissant cependant que les nationalismes en Europe semblent trop fort pour permettre son émergence.

UNE FORME IMPECCABLE

Concernant la forme plus que le fond, nous avons pu constater que l’interaction directe, sans passer par le prisme des médias, offre un nouveau visage à l’interviewé. L’on a pu notamment nous dire que son regard paraissait spécialement plus sage et expérimenté.

Les spectateurs que La Plume a rencontré tiennent également à souligner les qualités oratoires des intervenants. Même si les différentes introductions ont pu paraître durer quelques minutes de trop, le « profil » – présentation du parcours de l’invité – a spécifiquement marqué les esprits, de par le juste dosage entre rhétorique et mise en valeur du personnage.

Finalement, tous ont aimé la prestation, et se disent prêts à revenir, que l’invité touche leur bord politique ou non.

Alors DDD, toujours pas envie de nous dire qui sera votre prochain invité ?

 crédit image : Matthieu Vaz

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