«Art», Mise en scène Patrice Kerbrat, Théâtre Antoine. 14, bd de Strasbourg (Xe). Horaires: du mar. au ven. à 21 h , sam. à 16 h et 21 h et dim. à 16 h. Jusque fin juin. Durée: 1 h 25. Places: de 21 à 69 €.
Marc (Charles Berling), Serge (Alain Fromager) et Yvan (Jean-Pierre Darroussin) sont trois amis que rien ne semblait pouvoir séparer. Pourtant, lorsque Serge fait l’acquisition d’un tableau blanc immaculé pour la modique somme de 30 000 euros, c’est le drame. Marc ne peut concevoir que son ami se soit fait berner de la sorte. Débute alors un débat houleux sur l’art, ses prix et son marché. Mais pas seulement. Si les échanges sur le sujet sont vifs entre Marc, qui perçoit le marché de l’art comme une arnaque à grande échelle, et Serge, qui idéalise la modernité, c’est avant tout la relation unissant nos trois personnages qui est au centre.
Le spectateur se délecte de cette dispute, où tous les non-dits d’une longue relation sont dévoilés sous ses yeux. Alors qu’Yvan tente de calmer la situation dans une mollesse déconcertante, les piques se font de plus en plus cinglantes, sur des aspects de plus en plus intimes, jusque dans les profondeurs de leur amitié. Chacun en prend pour son grade, au point de se demander ce qui les relie les uns-aux-autres. Tout ça se déroule dans un rythme effréné, orchestré par Patrice Kerbrat.
Alors, on rit du début à la fin. La pièce est portée par un trio qui fonctionne à merveille. L’équilibre entre les trois prestations permet de créer une véritable osmose entre les amis et le public, alors que le comique laisse parfois place à une attendrissante mélancolie. Si Jean-Pierre Darroussin, Molière 2018 pour le rôle d’Yvan, est terriblement drôle lors de ses monologues sur ses déboires familiaux, ses deux camarades ne déméritent pas. Dans un décor d’un blanc éclatant, le verbe enflammé des comédiens provoque une explosion de couleurs. Bref, allez-y ! Rire beaucoup, ça fait du bien.
Tom Philibert, Ridau