En 2018, la Guerre Froide repart de plus belle. Les États-Unis et l’Europe déclarent une guerre diplomatique à Poutine. Au cours des dernières semaines, pas moins de 300 diplomates ont été exclus de part et d’autre de chaque camp. La Russie s’oppose de nouveau au Bloc de l’Ouest, sur fond d’espionnage et d’assassinats avec la sulfureuse Affaire Skripal.
L’année s’ouvre sur des tensions internationales qui font froid dans le dos. En première ligne, une tentative d’assassinat en pleine rue au Royaume-Uni. Digne d’un scénario hollywoodien, l’empoisonnement d’un ex-agent double russe a ainsi provoqué une réaction en chaîne sur le plan international.
Tout commence le 4 mars dernier, lorsque l’ex-espion Sergueï Skripal et sa fille Loulia Skripal sont retrouvés inconscients sur un banc à Salisbury. Les deux victimes se sont vues administrer une substance mortelle d’origine soviétique: Le Novitchok. Hospitalisés dans un état critique, ils sont maintenant sortis d’affaire. Le mobile: l’ex-agent secret russe aurait divulgué des informations secrètes sur la Russie aux services secrets britanniques. La situation tourne au polar lorsque d’anciennes bavures comme l’assassinat Kivelidi refont surface avec des methods similaires. Des noms de programmes militaires secrets sont même dévoilés au grand public et décortiqués, plongeant tout un chacun au coeur d’affaires d’État et de nettoyages top secrets. C’est le cas du programme russe Foliant, divulgué en 1993 et qui, en lien avec l’Affaire Skripal, refait surface ces dernières semaines.
Vladimir Poutine, récemment réélu au grand dam de la Communauté Internationale, nie en bloc toute implication russe dans cet événement. Moscou va même jusqu’à avancer que la Grande Bretagne fait preuve d’une extrême mauvaise foi. En effet, les forces de l’ordre anglaises auraient amplifié la gravité de l’état de santé des deux victimes pour légitimer les sanctions envers la Russie. Ils manquent par ailleurs de preuves probantes pour accuser directement le gouvernement russe. L’atmosphère est très pesante entre les deux camps. Le Kremlin accuse l’Oncle Sam d’opportunisme et de manipulation politique, et présente l’Union Européenne et le reste de l’OTAN comme des subordonnés de Trump. Les accusations diverses fusent dans les deux sens, jusqu’à occulter la question Nord-Coréenne, et faire oublier la présumée ingérence russe dans la victoire républicaine aux dernières élections présidentielles américaines.
Pire encore, une catastrophe diplomatique a éclaté. En quelques chiffres, l’Affaire Skripal a déjà entraîné l’expulsion de 23 diplomates russes résidents au Royaume-Uni. Une réponse musclée de la Russie le 17 mars a conduit Moscou à expulser 23 diplomates britanniques en retour, et à fermer le Consulat Britannique de Saint-Pétersbourg. À cela s’ajoute une surprenante réaction collective, de nombreux pays intégrés à l’Union Européenne ont pris l’initiative d’expulser des diplomates russes, une trentaine au total. Du côté américain, Trump a décidé le 31 mars de fermer le Consulat Russe de Seattle et de procéder à l’expulsion de 60 diplomates russes à travers le pays. Poutine a donc entrepris de renvoyer 60 diplomates américains pour lui répondre.
Les deux victimes vont mieux et pourront bientôt être interrogées. Attention, ceci n’est pas gage d’éclaircissement dans cette mystérieuse affaire. Le peu de preuve qu’il y a semble insuffisant, tandis qu’une guerre des mots éclate entre les deux camps. Chaque déclaration frôle l’incident diplomatique. L’égo de Poutine auquel il faut ajouter celui de Trump n’arrange rien à la situation.Rappelons que le president américain n’a trouvé comme réponse à la Corée du Nord que “nous répondrons par le feu et la fureur” et “c’est moi qui ai le plus gros (arsenal nucélaire)”. La paix reste donc difficilement envisageable. Enfin, cette affaire en dit long sur la réapparition de différends entre l’Occident et la réaffirmation de la grandeur Russe que Poutine entreprend. Même si la situation semble se stabiliser, elle est loin de se pacifier. Les nostalgiques de la Guerre Froide peuvent se réjouir, une escalade de la violence reste hélas envisageable.
Antoine Chauvot