En novembre prochain l’Université Paris-Dauphine renouvellera ses conseils et élira un nouveau Président. Fort de neuf années de mandat, vécues « avec beaucoup de passion », Laurent Batsch revient pour la Plume sur l’avenir de « l’Université choisie ».
Quelles sont vos convictions quant à l’évolution de l’enseignement supérieur français ?
Je pense que nous devons assumer la diversité de nos établissements et la diversité de nos missions en arrêtant d’afficher une égalité de façade. Par exemple, je pense qu’on devrait créer des licences qualifiantes pour l’emploi dès la L1 qui n’auront pas vocation à aboutir sur un master. Cela répondrait à la fois aux attentes des étudiants mais aussi des entreprises qui ont besoin de cadres intermédiaires.
«Dauphine va pouvoir élargir ses relations avec de grandes universités internationales»
Quelles sont les ambitions de l’Université en termes de développement international ?
La première étape est l’élargissement de la mobilité internationale à toute la promotion de L3. Nous essayons également de recruter des enseignants ayant une expérience internationale et continuons l’élargissement de nos partenariats avec des Universités qui nous ressemblent. A travers Paris Science Lettres (PSL), Dauphine va pouvoir élargir ses relations avec de grandes universités internationales telles que Cambridge ou la Columbia University avec lesquelles des partenariats prennnent forme. Enfin, après le succès de Dauphine Tunis et de Dauphine Londres, nous continuons l’ouverture d’antennes à l’étranger. D’abord avec un partenariat avec l’université Carlos III de Madrid où nous ouvrons la Licence à la cette prochaine rentrée, ensuite avec le lancement d’un programme expérimental en alternance avec l’université de Mannheim (Allemagne) et, enfin, avec l’ouverture d’un campus en formation continue à Casablanca.
«Un nouvel étage sera construit sur l’une des ailes de l’Université»
Qu’en est-il des grands travaux à Dauphine ?
Les travaux lourds vont commencer en 2018 pour les sous-sols et vont s’étendre à tout l’établissement en 2019. Il s’agit principalement de nous mettre aux normes en termes de sécurité, ce qui va nous permettre de dégager de nouveaux espaces (l’équivalent en volume d’un petit gymnase en sous-sol par exemple). Certaines salles à double étage verront aménager des mezzanines, un nouvel étage sera construit sur l’une des ailes de l’Université. Sans attendre ces grands travaux, nos amphithéâtres seront réaménagés et « gradinés ». Notre volonté est de mettre ce bâtiment au standard de qualité d’une grande université internationale.
On dit parmi les étudiants que l’état d’esprit de l’administration vis-à-vis de la vie associative « change » … Qu’en dit, quant à elle, l’administration ?
Je ne peux laisser dire que nous nous désintéresserions de la vie étudiante. Il existe aujourd’hui un soutien, avec le service de la vie étudiante, qui n’existait pas avant. Si nous sommes exigeants vis-à-vis des associations, c’est précisément pour valoriser leur aspect formateur. La vie associative est un atout considérable pour les étudiants car elle apprend, entre autres, le travail d’équipe, la gestion de projets et de budgets. Il n’y a en revanche pas de place à Dauphine pour des associations qui fonctionneraient comme des « clans » sur le modèle de la « fraternité » à l’Américaine, ni pour les rivalités exacerbées avec les autres associations.
«Notre distinction vis-à-vis des Universités classiques ou des Business Schools, fondent notre attractivité»
Dauphine dans 10 ans, université ou école ?
Les deux mon général ! Je refuse de choisir et j’assume le fait que Dauphine joue sur les deux tableaux. Ce ne peut être qu’une vertu quand l’objectif est de prendre le meilleur des deux systèmes. Notre métissage et notre distinction vis-à-vis des Universités classiques ou des Business Schools, fondent notre attractivité.
Et vous, après la Présidence, où vous voyez vous ?
Je suis et je reste professeur à Paris-Dauphine. Je n’ai pas de plan de carrière.
La hausse des frais d’inscription à Dauphine ne va-t-elle pas conduire à une perte de mixité sociale ?
En Licence d’économie et gestion, les frais d’inscription ne vont augmenter que pour les foyers fiscaux supérieurs à 70 000€ et ce, dans des proportions raisonnables. L’exonération totale va au final être élargie. De plus, dire que la classe moyenne va payer beaucoup plus n’est pas vrai, par exemple les foyers fiscaux entre 70 000€ et 80 000€ vont acquitter 870€ l’année. Quant aux Masters, je rappelle que pour les 1400 étudiants en apprentissage, les droits sont payés par leurs entreprises.
Comment va se développer le système d’égalité des chances à Dauphine ?
Déjà, rappelons que Dauphine a admis 61 étudiants l’année dernière issus du programme Egalité des Chances. Notre démarche consiste à accompagner les élèves de lycée, avec leurs professeurs, en les informant au maximum des opportunités d’études supérieures. Nous voulons les aider à élargir leur choix et à se départir de leur propre autocensure. C’est un programme à la fois exigeant mais très gratifiant pour Dauphine. Nous voulons à terme que 10% de la promotion de première année soit issue de ce programme.
«Paris-Dauphine est sur une belle trajectoire»
Quel bilan pour votre mandat ?
Ce n’est pas à moi de le dresser, et un bilan est forcément collectif. Cependant je suis fier du développement international de notre établissement, de son autonomie pédagogique renforcée et du rapprochement de Paris-Dauphine et des meilleurs établissement parisiens, dans PSL. Je pense aussi que nous sommes dorénavant entrés dans la cour des « Grands » et avons mêmes dépassé certains autres grands établissements (ndlr : dont on laisse au lecteur le soin de deviner l’identité). Paris-Dauphine est sur une belle trajectoire, c’est une satisfaction d’avoir accompagné ce changement.