Après le carton des JO, quelle relation des français face au sport ?
crédit : Maheva Derri

Après le carton des JO, quelle relation des français face au sport ?

“Léon marchand de rêves, Léon marchand d’espoir” entonnait avec ferveur le public dans les gradins du bassin olympique de Saint-Denis dès que le nageur entrait en scène. Si les JO de Paris nous ont surpris par l’engouement exceptionnel des français, qu’en est-il de notre perception du sport en général ? 

 

LE SPORT, VECTEUR DE RASSEMBLEMENT ET DE FIERTE

    

À l’évidence, les performances des athlètes français durant cette édition des JO de Paris ont su rassembler un large public dans une liesse généralisée, anciens râleurs inclus. Pendant deux semaines, Paris ne s’est plus ressemblé : pas de mines aigries, de pluie ou de stress mais du soleil, des sourires et une ambiance de fierté partagée qu’on retrouvait bien au-delà des arènes et bassins. Nul besoin de rappeler ce que nombre de médias ont déjà largement couvert : avec seize médailles d’or, la France a mis la barre très très haute. “Je suis super heureuse de pouvoir vivre ce moment chez moi, aller voir les épreuves en vrai, c’est qu’une fois dans une vie” nous affirme une jeune parisienne tandis que certains, venus de plus loin, n’ont pas hésité à payer le prix fort pour encourager les bleus au plus près de la piste d’athlétisme du stade de France : “On a payé 970 euros la place, c’est un budget mais c’est l’occasion de vraiment profiter à fond”, admet un supporter venu spécialement de Bourgogne pour l’occasion. Pas de doute, le sport fédère et provoque de grandes vagues d’émotions pour tout le monde. 

 

UNE PRATIQUE EN NETTE HAUSSE…

 

Cet engouement est révélateur de l’augmentation de nos pratiques sportives au quotidien. D’après l’Union Sport et Cycles, près de 30 millions de français pratiqueraient une activité sportive au moins une fois par semaine. En moins de trente ans, cette proportion a doublé en modifiant profondément les habitudes. Surtout, la pratique des femmes a explosé : il y aurait 14,5 millions de sportives en France, ce qui était inimaginable par le passé. Aujourd’hui, la pratique du sport est beaucoup plus urbaine et individuelle. Ainsi, le nombre d’adeptes de la course à pied a explosé ces dix dernières années, si bien que certains parlent “d’épidémie de la course à pied” pour désigner sa propagation. 

 

… MAIS INSUFFISANTE ?

De nombreux professionnels de santé s’alarment néanmoins sur une autre épidémie, bien plus sérieuse : celle de l’obésité. D’après un rapport du ministère de la santé en 2023, le taux d’obésité parmi les adultes a doublé en 25 ans. Si l’on considère seulement les jeunes de 18 à 24 ans, ce taux a quadruplé. Le verdict est clair : la première raison à cette situation est l’augmentation de la sédentarité. Sont mis en cause les smartphones et réseaux sociaux, qui gardent leurs utilisateurs inactifs physiquement une grande partie de la journée, mais aussi un désintérêt face au sport parmi les plus jeunes. A ce sujet, les cours d’EPS font l’objet de nombreuses critiques : ils seraient trop inefficaces dans leur rôle de donner le goût du sport aux jeunes. “L’EPS au collège et lycée n’est pas assez pris au sérieux, c’est possible de rien faire pendant les deux heures et on va rien te dire… Les seuls qui prennent ça au sérieux c’est ceux qui font déjà du sport en dehors.” témoigne une élève de terminale. Dans les faits, les heures consacrées à l’EPS se retrouvent vite perdues dans les trajets pour rejoindre les installations sportives, temps dans les vestiaires, etc., et trop souvent considérées comme une “récréation” bis pour de nombreux élèves. 

 

CE QU’EN DISENT LES ATHLETES

 

En 2021, le basketteur médaillé Evan Fournier avait déjà raillé Jean-Michel Blanquer sur X  lorsque celui-ci se félicitait de la qualité de l’enseignement du sport en France. Même son de cloche cette année avec Florent Manaudou, qui déplore le manque de moyens déployés dans les associations sportives de haut niveau : “ Je vais me faire des ennemis mais on n’est pas du tout un pays de sport». D’après le nageur, les moyens mis en œuvre ne sont pas suffisants pour que les athlètes de haut niveau bénéficient du meilleur entraînement en France : “À partir du moment où on a des athlètes qui partent à l’étranger pour s’entraîner… Je ne pense pas que les Américains, Anglais ou Australiens partent s’entraîner à l’étranger.”. En effet, nos meilleurs athlètes ne s’entraînent pas forcément en France, en témoigne Léon Marchand, qui s’entraîne aux USA depuis trois ans. 

 

PAS UN PAYS DE SPORT ?

 

Malgré l’augmentation de la pratique sportive amateure, de nombreux progrès restent à faire dans l’enseignement du sport, tant au niveau des infrastructures que de sa prise au sérieux, et dans la démocratisation de la pratique en club. Qu’il s’agisse d’athlétisme olympique ou de séance hebdomadaire amateure, le sport, au-delà du prestige de nos médailles d’or, reste un enjeu de santé publique crucial à tous les niveaux. Heureusement, le succès des JO 2024 devrait encourager de nombreux futurs athlètes à se mettre en tenue. 

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