PSL: entretien avec l’UNEF Dauphine

PSL: entretien avec l’UNEF Dauphine

Maëlle Descamps et Louis Dauzou Durand sont militants à l’UNEF Dauphine et élus au Conseil d’Administration de Paris Sciences et Lettres (PSL). Via ses deux élus au CA et ses treize représentants au Conseil académique de PSL, l’UNEF Dauphine souhaite défendre les droits des étudiants et faire de l’université un lieu d’émancipation et de professionnalisation.

 

Comment caractériseriez-vous les liens entre Dauphine et PSL ? Que peuvent-ils s’apporter réciproquement ?

Dauphine et PSL sont liées par des partenariats politiques, budgétaires et managériaux. Pour preuve, une partie du budget Dauphine provient de PSL. L’obtention par PSL de 750 millions d’euros d’appels à projets est liée à la reconnaissance du projet PSL par un jury international, donc Dauphine a intérêt à travailler avec PSL et ses établissements membres afin d’aboutir à une «Université intégrée».

 

Comment jugez-vous la perception des étudiants vis-à-vis de ce groupement d’établissements ?

La perception de PSL par les étudiants dépend de l’établissement dans lequel on se situe. A l’ENS, ils sont globalement opposés au projet, tandis que dans les écoles d’ingénieur du centre de Paris, l’idée d’un regroupement avec d’autres établissements sélectifs fait l’unanimité. A Dauphine, PSL est souvent perçue comme une opportunité malgré l’éloignement géographique des autres établissements et l’insuffisance de la transmission de l’information autour des projets propres à la Communauté d’Universités et d’Écoles (ComUE). En témoignent la fierté et le sentiment d’appartenance ressentie relativement faibles à Dauphine. Pour des élus étudiants, la perception de PSL est peut-être moins liée à ce ressenti qu’à une connaissance du projet. En analysant les dossiers propres à PSL, nous voyons très bien quelles sont les limites d’un tel projet et les défis auxquels Dauphine est confrontée.

 

Quelles sont vos inquiétudes à propos de l’Université PSL ?

Un projet d’ordonnances est actuellement en discussion au ministère de l’Enseignement Supérieur. Il vise à remodeler la carte universitaire française et donner plus de marge de manoeuvre aux regroupements universitaires dans leurs statuts et la mise en oeuvre de leurs politiques d’établissement. Ce processus nous semble néfaste pour la démocratie universitaire car les étudiants n’auront plus assez de poids pour infléchir la ligne de PSL. Peut-on signer un chèque en blanc aux gouvernants des établissements membres sans que la voix des enseignants, personnels et étudiants ne soit écoutée ? Nous nous considérons comme des garde-fous. L’intégration d’établissements dans un « établissement chapeau » suscite de nombreuses interrogations sur l’autonomie des membres : ces derniers pourront-ils continuer à opérer avec la plus grande marge de manœuvre possible ? La lecture des prochains statuts, qui entendent mutualiser certaines compétences des universités - ce qui serait préjudiciable à la qualité de l’enseignement -, ne l’assure pas.

 

Quelles sont vos mesures prioritaires concernant l’Université PSL ?

 Au Conseil d’Administration, nous participons au processus de construction du futur de la structure PSL. Nous avons été d’ailleurs les seuls étudiants à siéger en commission de réflexion sur les statuts, entre juillet et novembre 2017. Afin de garantir que ces statuts ne soient pas dommageables pour les étudiants de Dauphine et PSL, nous nous assurerons que les élus étudiants puissent avoir un poids suffisant. Selon nous, il s’agit du seul moyen de faire de PSL un champ des possibles pour les étudiants.

Il faudra également que les étudiants puissent voir des avantages dans PSL. Ainsi, nous mettons un point d’honneur à développer PSL-Xtend, une plateforme de cours entre les membres de PSL et la possibilité d’y assister en présentiel. La validation de ces cours devra également conférer des crédits ECTS à ces étudiants. Le développement de la mobilité entre écoles est crucial : PSL doit pouvoir donner lieu à des passerelles pour des étudiants qui sont dans un regroupement dit « de haut niveau universitaire ». Ce projet prendra certainement du temps, et nous voulons le lancer au plus vite.

 

Quel futur pour les étudiants dauphinois dans la mise en place de PSL ?

À l’heure actuelle, il semble que les étudiants ne soient pas une réelle partie prenante dans le futur de PSL. Si nous avons pu infléchir le discours porté par Dauphine sur PSL l’année dernière en demandant à ce que la responsabilité sociale soit inscrite dans l’identité future de la ComUE, nous remarquons amèrement que nous sommes souvent relayés au second rang. Dauphine ne doit pas pâtir de son positionnement excentré du centre de Paris. De plus, le fonctionnement actuel du regroupement universitaire s’apparente à celui de l’Union Européenne, et l’avenir de PSL reste relativement flou tant sur le plan de la gouvernance que du cap universitaire. Il en est de même pour celui des dauphinois… Ce regroupement semble pour l’instant beaucoup plus préoccupé par des considérations financières que par l’intégration des étudiants à travers des appels à projets, et oublie parfois le cœur de l’université : la formation et l’épanouissement des étudiants.

 

Pour résumer, PSL pour vous en un mot ?

Opaque.

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