Le fanzine ou le cri de la passion
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Le fanzine ou le cri de la passion

L’art pour l’art, l’art pour le beau, l’art politique… Pourquoi créer ? Et si on sait, par quels canaux peut-on partager son art ? Et à l’ère du numérique ? Un élément de réponse dans la culture des fanzines, qui sont des trésors de création en dehors des circuits commerciaux. 

FANZINE n.m. contraction de l’expression “fanatic magazine”, un fanzine est une publication indépendante faite par des passionnés, sur des sujets de niche ou alternatifs, ou simplement non conventionnels.

Le fanzine est une création artisanale, faite de reliures cousues ou collées, illustrée de collages et découpages, de peinture et de feutres, rédigée à la main ou imprimée.

Initialement, le fanzine a vocation à être distribué, copié, recopié, échangé de main en main, dans des bibliothèques spécialisées ou dans des festivals, échappant de ce fait au circuit vertical de l’édition traditionnelle. Leur diffusion est réduite, souvent bénévole, au sein d’une petite équipe, et apériodique.

Le concept de fanzine n’est pas récent : dans les années 1930, des fanzines sont créés et échangés par des fans de science-fiction. Ceux-ci s’échangent alors des créations qui sont des appendices, des théorisations, des hommages à leurs œuvres favorites.

Le phénomène du fanzine revêt ensuite un caractère plus politique lorsqu’il est repris en France à la suite de mai 1968. Accompagnés de célèbres slogans et affiches, les fanzines expriment des revendications diverses, allant de publications anarchistes, féministes, ou écologiques. Avec une ligne éditoriale artistique et musicale, des fanzines s’échangent ensuite au sein du mouvement punk. Dans les années 1990, le fanzine devient plus graphique, marquant le début de la BD alternative.

Au fil des époques, et quelles qu’en soient les thèmes, un certain nombre de caractéristiques intrinsèques au fanzine se dégagent : la passion et l’obsession, les sujets minoritaires, le refus de hiérarchisation des cultures, de l’expression artistique en général, la culture du “Do it yourself”, et surtout la liberté, tous ces éléments formant la contre-culture du fanzine. Dans l’univers médiatique actuel, de nombreux sujets ont peine à percer la carapace des médias mainstream, obéissant à la tyrannie de l’actualité, à un certain conformisme et ethnocentrisme. Le fanzine apparaît alors comme un moyen de créer sans entraves.

Quand beaucoup étaient d’avis qu’internet aurait raison du fanzine, signant ainsi sa fin, la diffusion massive de l’information n’a que renforcé cette culture. Avec internet, on peut désormais toucher un public plus large, à moindre coût. Aussi, la numérisation offre une manière de stocker et de diffuser des versions numériques des fanzines, avec des bibliothèques en ligne.

La transition à l’ère d’internet a donné naissance à des enfants du fanzine. Par exemple, la fanfiction est un récit de fan pour prolonger, réinventer, réécrire une œuvre existante.

En s’appropriant la culture pop, les fans s’inscrivent dans cette longue tradition du fanzine.

Parfois dévoyées car quelquefois naïves, mièvres ou médiocres, les fanfictions n’en sont pas moins le témoin d’une génération qui veut illustrer, partager, exprimer sa passion anonymement, sans chercher jamais la reconnaissance, si ce n’est celle de fans.

Du fanzine, représentant une alternative contre l’idéologie dominante, est née la fanfiction, qui est davantage une réponse à l’absurde. Du désenchantement de la génération qui a grandi avec les réseaux sociaux, est née cette nécessité de se créer un lieu créatif.

Alors qu’on se sent démuni face à l’état du monde, on adopte une mentalité absurdiste sans tout à fait jeter l’éponge, mais en créant, en s’échappant du système qu’on voit titubant, mais pas perdu.

By LaPlume, Dauphine

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