Ils sont notre quotidien. Chaque jour, nous les croisons, souvent nous les fuyons. Et si nous nous en préoccupions?
C’est le pari que s’est lancée l’association Fleur de Bitume de Dauphine. Chaque dimanche soir, des ”Maraudes” sont organisées autour de la Gare de Lyon. C’est alors l’occasion d’aider les sans- abris, de partager un moment avec eux mais aussi d’échanger sur leur quotidien.
Dimanche 16 novembre, avait lieu la ”Grande Maraude” bi-annuelle. Ouverte à tous les étudiants, et pas seulement aux Dauphinois, cet événement a rassemblé une centaine de participants, répartis dans dix équipes. Tout l’après-midi, ils ont sillonné Paris à la rencontre des personnes dont le seul domicile est la rue. Vous avez manqué cet événement? La Plume y était pour vous.
11H00 - Dans les coulisses de Fleur de Bitume - Armelle. Des membres de l’asso se réunissent pour préparer les quelques 300 sandwichs à distribuer dans l’après-mid :”un vrai travail à la chaîne”. Puis, direction Charles de Gaulle-Etoile où a lieu le rassemblement.
14H30: Armelle. Après avoir parcouru toute la station à la recherche de la fameuse ”Sortie 8”, le point de rendez-vous, nous y voilà! De mon côté, ce sera le seizième arrondissement, la Défense puis les stations de métro de la ligne 1 jusqu’à Bastille.
Lucie. Nation, Gare d’Austerlitz et Bastille, j’arrive !
15H: - Armelle. Premiers SDF que nous rencontrons : deux Roumains qui, autour d’un café, nous parlent politique, immigration, et vie en Roumanie, puis deux jeunes sur les Champs Elysées qui nous présentent leur chien, ”Macadam 2”.
Lucie. Equipés de parapluies, nous partons en direction de Nation. A l’entrée d’un supermarché, à l’abri, nous offrons des soupes à plusieurs hommes. Ils ne se plaignent pas et nous conseillent plutôt de rentrer de peur que nous attrapions froid. Malgré la pluie de plus en plus présente, la motivation est au rendez-vous et les remerciements et sourires nous font chaud au cœur. « Heureusement qu’il y a des gens comme vous! » s’exclame une femme qui évoque les conditions de vie difficiles auxquelles les femmes sont confrontées dans la rue.
15H30: Armelle. La Défense. Sur le parvis, devant le Mcdo, un homme nous interpelle. Il nous raconte ses soirées, les rackets : ”La Défense, le soir c’est la mafia”.
Lucie. La pluie s’intensifie, nous croisons de moins en moins de sans-abris. Nous descendons donc dans les galeries de la station Nation. Là, un homme barbu s’éveille, il a les yeux qui brillent lorsque nous lui tendons un sandwich et des gâteaux. Sur le quai, nous enchainons la distribution des denrées d’un pas moins hésitant qu’au début. Ils viennent à notre rencontre après nous avoir repérés avec nos grands sacs et nos brassards fluo. Certains prennent et s’en vont, d’autres engagent la discussion et nous dévoilent leur passé…
17H: Armelle. Les stations de métro s’enchaînent. A chacune, des SDF, de toutes origines, sont heureux de recevoir une clémentine, un thé, des gâteaux.
Lucie. Direction Gare d’Austerlitz. Etonnamment peu de monde en vue, un homme, avec pour seul bagage son sac de couchage, nous raconte son histoire et nous questionne sur nos études respectives. Plus loin, un couple est enroulé dans des sacs de couchage, à même le sol ; l’homme nous informe que son amie est depuis peu dans la rue, il lui conseille alors de prendre une boisson chaude.
18H: Armelle. Arrivée à Bastille. Dehors, la nuit est tombée, l’humidité se fait sentir. Nous croisons un réfugié tibétin. Sa couverture est trempée, il nous demande d’appeler le 115. On essaie une fois, deux fois, trois fois et chaque fois le même refrain :”tous nos correspondants sont occupés veuillez appeler ultérieurement.”
Lucie. La fin approche. En allant vers Bastille, nous croisons deux hommes et une femme avec un chat. L’un d’eux fait chauffer son sandwich sur un réchaud, le transformant en un croque-monsieur. L’autre nous demande une soupe à l’oignon et précise en riant : « avec des croutons s’il te plait ! ».
19h Lucie & Armelle. Mission accomplie, grâce à toutes les équipes déployées dans Paris, nous sommes parvenus à rencontrer et aider plus de 200 SDF. Un beau moment d’entraide, qui, en dépit de la convivialité, des boissons chaudes et de la nourriture offertes, ne remplacera pas ce qui est sur toutes les lèvres : ”une douche”.
Si toi aussi, tu veux participer à cette expérience, rendez-vous en mars pour la prochaine Grande Maraude et…chaque dimanche pour les maraudes hebdomadaires .