Comment ? Qu’ouïs-je ??!! Un distributeur à la BU ? Et la petite bande sonore qui répète qu’on ne peut pas manger à la BU alors ?
Relax, ce n’est pas d’un distributeur de nourriture dont nous sommes en train de parler, mais bien d’un distributeur de … petits matériels !
Depuis la mi-décembre, un nouvel appareil a pris position du côté des photocopieurs : accessible en libre-service sur les horaires d’ouverture de la bibliothèque, il prodigue crayons, feuilles et autres petits objets aux étudiants.
La Plume est allée à la rencontre des personnels responsables de sa mise en place. Nous avons notamment échangé avec Tom Richard, responsable du pôle Services aux publics, et Sarah Morazin-Hameau, son adjointe.
L’idée originelle
Bien que l’installation du distributeur ait eu lieu au mois de décembre 2024, il s’agit d’un projet au long cours, initié en 2020.
Si, comme moi, votre arrivée à Dauphine commence à remonter quelque peu, vous avez sûrement connu la librairie située au rez-de-chaussée, dans l’actuel espace inoccupé du côté de l’accueil. On y trouvait à peu près tout ce dont un étudiant peut avoir besoin au long de sa journée de révision, dans un quartier où – disons clairement les choses – peu de magasins pointent le bout de leur nez. Seulement voilà, le magasin tirait le rideau chaque jour aux alentours de 17 heures. Vous savez aussi bien que moi que l’élève Dauphinois est loin d’en avoir fini à cette heure-ci de la micro, macro, algèbre et autres sciences torturant les neurones. Les horaires d’ouverture de la bibliothèque étaient donc bien plus larges que celles de la librairie.
Les bibliothécaires se sont alors mis dans la peau des étudiants, veillant souvent jusque 22 heures. Un constat simple émerge : quelle solution leur apporter à ces heures tardives s’ils venaient à manquer de fournitures pour travailler efficacement ?
C’est ainsi qu’est née l’idée d’un distributeur de petits matériels. Maintenant que la librairie a définitivement baissé le rideau (c’était à la rentrée 2023), cette problématique est d’autant plus d’actualité.
A l’accueil de la bibliothèque, vous pouviez déjà être dépanné de quelques fournitures : une trousse en cas d’oubli, des feutres pour les salles de travail… Mais Tom Richard, responsable du pôle des Services aux publics, nous signale qu’il n’est pas possible de prêter des consommables à usage unique, comme des feuilles (rendre une feuille griffonnée n’est en effet pas d’une très grande utilité 😉).
Les étapes administratives
Bien que la machine en elle-même n’occupe qu’un mètre carré à tout casser, pas si simple de la faire arriver jusqu’au sixième étage. Vous me direz, « il y a bien des ascenseurs… ». Mais là n’est pas la question 😊
Derrière son arrivée, c’est un long processus administratif et juridique qui se trame :
Tout d’abord, il est nécessaire de démarcher un fournisseur. Comme nous vous l’expliquerons plus tard, chaque distributeur fait l’objet d’une autorisation d’occupation temporaire.
Plusieurs instances dauphinoises sont donc intégrées dans le processus : La direction des affaires juridiques étudie la convention, tandis que la direction des affaires financières veille à la nécessité ou non de l’amender. Ensuite, la direction de la bibliothèque ainsi que la Direction Générale des Services donnent leur accord.
Vous l’aurez donc compris, il faut avoir un dossier solide ! Tant que la librairie au rez-de-chaussée existait toujours, la question majeure, et sans doute épineuse, était de démontrer l’absence de concurrence néfaste du projet sur l’activité économique du magasin. Sur ce point, les horaires décalés apportaient une réponse satisfaisante. L’idée n’était pas de concurrencer, mais de proposer une vraie démarche de services aux étudiants en difficultés.
Le fonctionnement d’un distributeur dauphinois
Comme nous l’avons évoqué précédemment, l’installation d’un distributeur à Dauphine fait l’objet d’une autorisation d’occupation temporaire.
Qu’est-ce donc que cela ?
Le prestataire se voit mettre à disposition une surface à la BU, en l’occurrence une zone d’environ un ou deux mètres carrés à proximité des photocopieurs. Bien que cela puisse s’y apparenter en apparence, il ne s’agit pas tout à fait d’une location : le fournisseur paie à la BU une redevance, certes, mais d’un montant peu élevé. En contrepartie, c’est lui qui a la charge de la mise en service, de l’approvisionnement, du dépannage et du suivi des ventes. L’emplacement ne lui est pas facturé cher, mais en échange il prodigue un service aux étudiants. Comme les personnels interrogés nous l’indique, c’est une situation « gagnant-gagnant ».
L’offre proposée résulte essentiellement de la politique commerciale du fournisseur : La machine lui appartient, et c’est donc vers lui que convergent les statistiques de vente. Une évolution dans les produits disponibles à la vente est donc possible si le prestataire s’aperçoit d’une belle performance ou au contraire d’un échec total de certaines fournitures.
Un projet accessible
Si vous vous êtes déjà arrêté devant la machine, votre curiosité d’étudiant en économie vous a sans doute fait remarquer que les tarifs pratiqués ne sont pas déraisonnables : comptez par exemple 1,40€ pour un surligneur ou 2,20€ pour 5 stylos billes.
Ces prix résultent d’une volonté des services de la bibliothèque de s’associer à un fournisseur conscient de la précarité estudiantine. Le prestataire trouve un compromis entre les produits sur lesquels il peut marger plus facilement et ceux sur lesquels il rentre tout juste dans ses frais.
L’offre est ainsi étudiée par le fournisseur : certains produits à plus forte marge potentielle sont ainsi insérés dans la machine, comme des écouteurs, des souris d’ordinateurs et des batteries externes.
D’ailleurs, si par hasard vous vous arrêtiez devant l’automate, vous pourriez remarquer que l’offre ne porte pas uniquement sur du matériel bureautique : les étudiants peuvent également s’approvisionner en protections périodiques, mouchoirs, ou autres élastiques à cheveux (car oui, quand l’élastique casse dès le début de la journée, ça énerve !)
Cela nous amène donc à nous poser la question de la fréquentation : avec des prix abordables, il faut nécessairement que la quantité écoulée soit suffisante. Sur ce point, pas de chiffres encore. Avec seulement quelques semaines de mise en service, le prestataire n’a pas encore fait part d’un retour d’expérience.
Une consultation des étudiants
Le terme expérimentation n’est ici pas employé au hasard : le fournisseur, tout comme l’université, se sont fixés une durée d’un an pour étudier la rentabilité du projet. En tant qu’étudiant, vous serez également incités d’ici quelques mois à vous prononcer sur l’utilité du dispositif (la forme de l’enquête n’a pas encore été fixée).
Dans cette expérimentation, déjà menée dans de nombreuses bibliothèques universitaires, les étudiants sont en quelques sortes les testeurs : les personnels rencontrés rappellent de ne pas hésiter à demander à l’accueil pour faire remonter des besoins non-traités encore par l’automate.
Justine BERNARD, L3 CCA