L’espace est depuis longtemps un thème de prédilection pour le cinéma qui lui a consacré de nombreuses œuvres marquantes. Sa représentation a fortement évolué, aiguillonnée par les progrès de la science et ceux des effets spéciaux. Alors quand tout univers imaginable peut être reconstruit avec une précision inégalée, la magie a-t-elle encore sa place ? Le thème de l’espace a-t-il encore un avenir dans les films ?
La représentation de l’espace au cinéma : une histoire déjà ancienne
Il n’a pas fallu attendre longtemps avant que le cinéma s’empare de l’espace. Dès 1902, Georges Méliès propose son Voyage dans la Lune. Ce film illustre pour la première fois l’espace sur grand écran. Bien qu’il reste poétique et fantastique, sans volonté de réalisme, il lance les premiers effets spéciaux spectaculaires au cinéma.
Des films d’aspect plus réaliste ne tardent cependant pas à suivre. En 1929, Fritz Lang réalise le long-métrage La Femme sur la Lune. A priori, le thème – des hommes partent vérifier la présence de filons d’or sur la Lune - ne semble pas annoncer un exposé très sérieux. Et pourtant. Conseillé par Hermann Oberth, scientifique considéré comme l’un des fondateurs du vol spatial, le réalisateur allemand va pousser le réalisme assez loin. À tel point que le compte à rebours utilisé dans le film pour annoncer le décollage, sera par la suite utilisé par les différentes agences spatiales : 10, 9, 8, 7…0 !
Encore plus étonnant, l’œuvre sera tellement prise au sérieux par les nazis, qu’ils iront jusqu’à détruire les maquettes de la fusée utilisées dans le film. Ils considéraient que leur réalisme pourrait porter atteinte au secret des missiles V2 de Wernher Von Braun.
Vers une fiction entre découvertes scientifiques et imagination
Avec les débuts de la conquête spatiale, le cinéma va intégrer certaines avancées scientifiques pour rendre sa science-fiction plus acceptable.
En 1968, un an avant le premier pas de l’Homme sur la Lune, le film 2001 : l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick se veut techniquement crédible et se dote de décors très réalistes. C’est sans doute ce souci du détail qui nourrira les thèses conspirationnistes. Selon ces dernières, la NASA aurait utilisé les effets spéciaux de ce film pour faire croire aux premiers pas de Neil Armstrong sur la Lune. Il n’aurait en réalité, jamais quitté le plateau de cinéma.
Le cinéma s’appuie sur des représentations de plus en plus poussées et sophistiquées de l’espace. Ce qui ne l’empêche pas d’oublier certaines contraintes telles que l’impact véritable d’un voyage à la vitesse de la lumière, la présence de doses mortelles de rayonnement, des impossibilités de propulsion au sein d’un trou noir et autres obstacles techniques qu’Hollywood met sous le tapis.
La science a démystifié en partie l’espace, mais celui-ci continue de faire rêver
À l’heure où des robots explorent Mars et où des navettes privées promènent de riches voyageurs, on ne peut plus seulement promettre la Lune. Il est vraisemblable qu’une certaine représentation ait atteint ses limites. Désormais, tous les univers imaginables peuvent être créés par la force d’effets spéciaux toujours plus poussés. Mais le réalisme ne suffit plus, à lui seul, à provoquer l’intérêt. Au contraire, il peut même devenir un obstacle en phagocytant le scénario.
Le public est devenu lui aussi plus averti et moins naïf par rapport aux données scientifiques. Mais si son imaginaire ne se satisfait plus d’un aller-retour sur une planète éloignée, le rêve demeure. Les réalisateurs se sont donc adaptés en faisant de l’espace un genre à part entière, au-delà d’un décor. De la saga Star Wars à Gravity (2013), Seul sur Mars (2015) ou Interstellar (2014), du film d’aventure fantastique au drame futuriste, il est facile de constater que l’espace fascine toujours autant quand il sert d’écrin à une bonne histoire.
Car l’espace représente toujours une frontière largement inconnue et inquiétante. Mais aussi un éventuel salut d’une humanité arrivée au bout de l’impasse écologique dans laquelle semble se précipiter notre bonne vieille planète Terre.
Entre peur et espoir, la longue histoire d’amour entre le Cinéma et l’espace n’est donc pas prête de s’achever.